Interview Exclusive de Faro : « Ma motivation c’est de pouvoir donner de l’émotion aux gens ! »
Le dessinateur Faro.
Aujourd'hui, Sports and People News vous propose de faire la connaissance de Faro, dessinateur de presse et de bande dessinée. Un artiste humble et passionné de sports, toujours connecté à l’actualité.
Comment êtes-vous devenu dessinateur ?
Comme la plupart de mes collègues, depuis mon enfance, j’ai énormément dessiné et je n’ai pas fait d’études dans ce domaine-là. Par contre, mon parcours professionnel m’y a conduit petit à petit puisque j’ai travaillé dans l’univers d’internet, du graphisme, etc. et par la suite, j’ai envoyé des dessins d’actualité sportive à des sites internet et quelques journaux… D’ailleurs, cela a marché assez vite car au début des années 2000 ces sites web et quelques journaux ont commencé à diffuser mon travail et voilà comment a débuté ma carrière !
Vous êtes un autodidacte ?
En matière de dessin, oui, tout à fait !
C’est en quelque sorte, une belle victoire personnelle ?
Oui ! Et en même temps, je me suis aussi rendu compte que j’avais perdu beaucoup d’années à ne pas avoir étudier dans ce domaine-là ! Donc au niveau de la technique, du cheminement de pensée, le relationnel j’ai toujours dû compenser et faire avec ce que je savais ! Cela a peut-être mis un peu plus de temps qu’une carrière classique mais ça s’est fait véritablement de manière totalement autodidacte !
Depuis combien d’années dessinez-vous ?
Depuis mon enfance ! Je me souviens qu’à l’école j’étais toujours considéré comme celui qui savais dessiner depuis que j’ai 4 ou 5 ans !
Qu’est-ce qui vous plaît dans le dessin ?
Beaucoup de choses me plaisent mais dans le métier que je fais ce qui me plaît avant tout c’est de générer des émotions. Avant c’était un peu frustrant car quand nous travaillions pour des journaux, nous ne voyions pas les réactions des gens mais aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux nous avons plus facilement accès aux commentaires du public qui apprécie notre travail et partagent nos dessins.
De plus, cela me plaît de savoir que nos dessins de presse deviennent à fortiori médiatique car ils propagent de l’émotion positive et parfois négative.
Avez-vous des dessinateurs références ?
Oui, car nous apprécions toujours certains dessinateurs ! Moi j’étais assez admirateur du travail de Wolinski que j’ai eu la chance de rencontrer quand je n’étais pas encore un professionnel et avec qui j’avais échangé quelques mots… d’ailleurs, il m’avait beaucoup donné envie de faire ce métier !
J’aime aussi regarder ce qui se fait ailleurs et comme beaucoup de dessinateurs je m’inspire des créations des uns et des autres pour mes dessins.
Depuis de nombreuses années, vous dessinez à la fois pour l’univers de la presse et celui de la bande dessinée. Le travail doit être différent donc comment procédez-vous ?
Oui, le travail d’un dessinateur de presse est totalement différent de celui d’un dessinateur de bande dessinée ! Dans mon cas personnel, je relativise un peu puisque dans les bandes dessinées que je réalise sont souvent liées à des thèmes d’actualité ou traitent de personnes existantes donc cela me rapproche un peu du travail de dessinateur de presse mais pas tant que cela puisque les codes dans la BD ne sont pas les mêmes et les éditeurs sont assez frileux quand nous leurs proposons ce genre de sujets lesquels sont proches des thèmes que nous traitons en presse donc c’est vraiment deux activités complément différentes !
De plus, elles divergent dans la manière de les mener car en tant que dessinateur de presse je dois assurer mes dessins au niveau technique mais également sur le plan de la scénarisation de l’information, je deviens alors en quelque sorte un metteur en scène où là aussi la conception, la mise en scène du dessin et l’utilisation de l’humour rendent le travail très différent !
En moyenne, vous mettez combien de temps pour l’illustration d’un ouvrage ?
Je suis assez rapide car en choisissant des thèmes d’actualité, je me dois d’aller relativement vite et de les sortir en urgence. Entre la mise en place du projet avec l’éditeur et la confection de l’ouvrage, j’essaie de prévoir un temps de six mois maximum… ce qui est un temps extrêmement court !
Par rapport à votre travail fait en presse, les dessins réalisés pour l’édition résultent plus du collectif ?
C’est vrai, j’ai travaillé sur des œuvres collectives que parfois, j’ai moi-même initiées notamment avec l’association "Cartooning For Peace" sinon, il m’est arrivé de collaborer avec des journalistes et des dessinateurs. Par contre, sur ma première bande dessinée j’ai travaillé seul sur ce projet et je travaille actuellement sur un futur projet de BD et là aussi, je suis en solitaire.
Vous aimeriez qu’un jour, vos BD soient aussi connues que Tintin ou Astérix et Obélix ?
Je n’ai pas tellement cet objectif car les sujets que je traite n’ont pas vraiment le même public.
Mes bandes dessinées sont plus des thèmes d’actualité et donc mes travaux sont plus proches de l’univers de la presse que celui avec des personnages de fiction. Par contre, si nous parlons de rester dans la postérité, mon travail dans la presse me donne plus de visibilité et peut-être un peu plus de notoriété que mon travail dans l’univers de la bande dessinée !
Vous êtes aussi connu pour vos dessins pour la presse sportive (France Football ou L’Equipe). D’où vous vient cette envie de réunir ces deux univers ?
Les premiers dessins que j’ai envoyés dans l’espoir d’être publié étaient des dessins qui traitaient de l’actualité sportive car c’est un sujet dans lequel je me suis toujours senti très à l’aise. D’ailleurs, à l’origine, je ne me voyais pas faire du dessin politique, satirique ou autre mais en pratiquant, je me suis petit à petit familiarisé avec ce domaine et maintenant, je traite tous les sujets dans la presse. Mais il est vrai, qu’à la base se sont les sports qui m’intéressaient et comme j’avais un grand-père qui m’avait beaucoup ouvert l’esprit par rapport à cela du coup, je me suis dirigé facilement vers ce domaine.
De plus, j’ai la chance de beaucoup retenir les événements, les dates, les noms, cette aisance facilite grandement le travail car étant incollable sur énormément de sujets sportifs et cela m’a permis de réussir dans ce domaine !
Vous venez d’évoquer votre grand-père. Quel regard porte votre famille sur votre carrière professionnelle ? Sont-ils fiers de vous ?
J’ai été très proche de mon grand-père et malheureusement, il nous a quitté il y a quelques années. Je ne sais pas ! Déjà, je n’ai pas une grande famille et comme ils sont pudiques, nous n’avons jamais abordé ce sujet ou évoqué une quelconque fierté sur mon parcours ! L’important pour eux c’est que je fasse le métier qui me plaît !
Nous voyons souvent vos dessins dans le quotidien L’Equipe. Que pense votre entourage familial ou amical de votre travail ?
Mes enfants sont très fiers et très content, d’ailleurs, mon fils âgé de 7 ans, très sportif et compétitif, rêve d’avoir le Ballon d’Or un jour. Tout récemment il m’a demandé « Depuis quand tu es le meilleur dessinateur de France ? » Ce fut vraiment adorable de sa part !
Vous aimerez que votre fils de 7 ans ou un de vos enfants, devienne dessinateur et en quelque sorte qu’un de vos enfants poursuive votre œuvre ?
Oui, j’aimerais bien ! Je ne sais pas si ce sera le cas mais cela serait sympathique et une belle suite !
J’ai deux enfants, ils sont très ouverts sur le domaine artistique qu’il soit musical, graphique, dessin ou autre donc pourquoi pas mais tout dépendra d’eux, c'est eux qui choisiront !
Généralement notre éducation et nos influences reçues depuis l’enfance jouent un rôle dans notre choix de vie ! Par exemple, votre grand-père vous a transmis cet amour pour le dessin…
Oui c’est peut-être lié ! Je travaille pour divers journaux dont L’Equipe, France Football mais aussi Nice-Matin puisque nous sommes originaires de la région Provence Alpes Côte-d’Azur et mon grand-père était justement lecteur de ces trois journaux et mon plus grand regret c’est qu’il n’ait pas pu me voir évoluer dans cet univers là car il est malheureusement décédé avant. Je pense qu’il aurait adoré voir mes dessins dans ces journaux là puisqu’il les lisait régulièrement ! C’est vrai qu’avec le temps, je me suis rendu compte que le moteur de tout cela c’est de pouvoir donner de l’émotion aux gens, aux proches, et cela me motive !
En toutes circonstances vous avez vos sources d’inspiration ?
Cela dépend de plusieurs paramètres dont le temps qui peut nous presser, les circonstances du moment et il y a des sujets qui sont plus faciles que d’autres. Me concernant, j’ai besoin d’être au calme pour trouver des idées mais après je peux dessiner dans un endroit bruyant. Si nous arrivons à combiner tout cela de manière générale, nous arrivons toujours à trouver de l’inspiration !
Quel thème vous inspire le plus ?
C’est difficile d’en citer un seul car je peux prendre du plaisir avec n’importe quel thème !
Par exemple, dans l’univers sportif, il y a des sports qui sont plus faciles que d’autres comme le football car c’est riche en actualité et les personnalités sont plus connues que dans le handball par exemple !
En fait, c’est l’actualité qui fait un bon dessin et le dessinateur se doit juste de la commenter et de faire réagir dessus ! Donc ce n’est pas le thème qui est primordial mais l’actualité qui est prédominante et plus l’événement sera fort et plus l’impact du dessin sera élevé !
Vous faite également partie du collectif "Cartooning for Peace". Pouvez-vous nous expliquer le concept ?
C’est une association qui est née sur l’idée de Plantu du journal Le Monde laquelle regroupe des dessinateurs du monde entier. A travers cette association, des expositions et des événements sont organisés afin de faire découvrir au public nos travaux durant lesquels nous pouvons nous voir et échanger entre dessinateurs !
Le dernier événement de "Cartooning for Peace" remonte à septembre 2015 ?
Oui ! Lors de cet événement, nous avons accueilli des dessinateurs mais aussi des personnes issues des médias et de la politique.
Selon vous, l’impact d’un dessin est-il plus fort que des mots ?
Oui ! Je n’étais pas conscient de ce fait au début de ma carrière mais depuis, j’ai mûri et avec l’expérience, je me suis rendu compte qu’un dessin est beaucoup plus fort et marquant que des mots.
A ce jour, quel est votre meilleur dessin ?
C’est difficile de le dire puisque c’est comme choisir entre ses enfants ! Et puis, c’est compliqué de juger son travail car notre regard est moins objectif qu’un avis extérieur !
Peut-être qu’un dessin qui me plaira, sera moins aimé par d’autres et l’inverse est aussi vrai donc cela est vraiment une affaire de goût !
Pour le moment, quel est le plus beau compliment que vous avez reçu ?
Je l’ai reçu récemment sur Twitter et cette personne m’écrivait ceci : « Quelle merveille cette une de Faro ! Bravo Faro ! »* Je ne sais pas si c’est le plus beau mais ça fait toujours plaisir de recevoir des compliments et puis c’est celui qui me touche là présentement dans l’instant donc je vous le partage !
*Ce tweet fait référence à un dessin publié dans le journal France Football qui renvoi aux événements tragiques de Paris et à l’Euro 2016.
Une de France Football du mercredi 18 novembre 2015.
Pour l’instant, êtes-vous satisfait par votre carrière professionnelle ?
D’une part, oui, je suis satisfait par ma carrière professionnelle car j’ai démarré seul avec pour seul bagage mon ambition et mon envie. De plus, je ne m’attendais pas à publier dans la presse nationale donc je fus que surpris lorsque cela m’est arrivé !
Au final, je suis très content car mon parcours va même au-delà de ce que je voulais ! Maintenant, je souhaite juste continuer mon travail tout en procurant de l’émotion au public !
Vous pensez à vos futurs projets professionnels ?
Oui, je suis toujours dans l’anticipation et surtout dans l’univers de la Bande Dessinée car il faut un temps d’avance entre le temps de l’idée, de la conception et de la publication afin de coller au mieux avec l’actualité !
Dans l’avenir, vous serez à nouveau l’illustrateur de L'Almanach Vermot ?
L’Almanach Vermot est une institution française qui existe depuis 130 ans et à travers ces ouvrages, nous avons souhaitez dépoussiérer l’humour à la française ! J’ai eu la chance d’être contacter par les Editions Hachette qui m’ont proposées de gérer toute la partie graphique donc je soumets moi même 200 dessins et je sélectionne les autres dessinateurs ce qui en fait, une activité très prenante !
Depuis que j’y participe, nous venons de finir le troisième Almanach Vermot et à priori je poursuis cette aventure… Avec grand plaisir !
Vous aimerez exposer vos œuvres ?
Oui et cela m’est déjà arrivé ! En 2015, j’ai justement exposé mes dessins sur le football publiés dans les journaux L’Equipe et France Football lors d’expositions à l’aéroport de Limoges, au festival BDCiné d'Illzach mais aussi lors du Festival International de la Caricature, du Dessin de Presse et d'Humour de Saint-Just-le-Martel d’ailleurs, les œuvres de cette exposition furent montrées au salon aquatique Aquapolis de Limoges. Prochainement, il y aura une exposition sur l’Almanach Vermot , où plusieurs dessins seront dévoilés.
Sur Paris ?
Non, dans la région de Limoges car les organisateurs du Festival International de la Caricature, du Dessin de Presse et d'Humour de Saint-Just-le-Martel organisent l’exposition sur l’Almanach Vermot.
Pourquoi pas dans l’avenir, retrouver cet événement à Paris où ailleurs en France !
Entre vos créations et vos expositions, vous journées doivent être bien chargées ?
Oui ! Il faut être organisé car je dois dessiner pour la presse sportive et généraliste puis j’enchaîne avec la BD donc je suis en quelque sorte, un petit artisan et au bout du compte, les journées passent très vite !
Concernant votre façon de travailler, vous dessinez traditionnellement au crayon où vous avez recours aux outils numériques ?
Je vais vous surprendre mais je travaille sur tablette graphique ! Quand je suis en dédicace, je reste traditionnel mais à part cela, je réalise mes dessins grâce au numérique.
Pourquoi avoir choisi le numérique ? Pour gagner du temps ou une question de pratique ?
C’est un peu pour ces deux raisons sachant que pour mes dessins en presse, je gagne un peu de temps par contre pour la BD cette pratique me fait incroyablement gagner du temps.
Souvent, nous pensons qu’un dessin fait à la main est plus graphique voire plus beau !
Oui, je suis assez d’accord ! En fait, depuis de nombreuses années j’utilise le numérique et j’avoue que j’ai beaucoup insisté dans ma manière de procéder pour que cela ne se voit pas !
D’ailleurs, beaucoup de gens sont étonnés quand je leurs dis que j’utilise le numérique dans mes travaux et c’est vrai que sur le rendu de mes dessins cela ne se voit pas forcément !
Que ce soit sur tablette ou sur papier, la main reste l’outil le plus important ?
Oui, indéniablement ! Vous pouvez avez la bonne idée et le meilleur matériel du monde, c’est votre main qui fait tout le travail !
Concernant votre relation avec le sport. Quelle importance a le sport dans votre vie ?
Dans l’enfance et pendant plusieurs années, j’ai pratiqué beaucoup de sport dont le basket-ball, l’athlétisme, le squash et un peu de football. J’ai toujours pratiqué un sport ! Comme je l'ai dit, mon grand-père m’a aussi beaucoup intéressé aux sports d’où mon attachement à ces activités. Après, je ne suis pas un fanatique mais j’apprécie de pouvoir regarder les compétitions et curieusement je retiens assez facilement les dates et faits historiques et grâce à cela je pense avoir une bonne culture sportive !
Qu’est-ce qui vous a attiré dans le basket-ball ?
C’était un pur hasard, j’avais 8-9 ans à cette époque et un ami de classe m’avait dit « Moi je joue au basket » cela m’avait donné envie d’y aller ! Donc je me suis mis au basket !
Aujourd’hui, pratiquez-vous une activité sportive ?
Oui ! Dorénavant, je joue au squash et je cours un peu. Je fais également un peu de vélo.
Quels sont les sportifs que vous appréciez ?
Je n’ai pas forcément de préférence puisque de manière générale j’apprécie les personnes donc aucun ne me fait vibrer plus que d’autres ! Après je vais apprécier l’exploit ou le moment mais pas un sportif en particulier. En fait, c’est un tout !
Selon vous, quelles équipes remportera la Ligue des Champions ?
J’aimerais que le Paris Saint-Germain remporte cette compétition car c’est un club français et qu’ils l’auront sûrement un jour donc pourquoi pas cette année !
Vous m’apparaissez au vu de vos réponses comme une personne d’une extrême gentillesse. Vous ne souhaitez pas dire du mal de quelqu’un, vous aimerez que tout le monde réussisse… Vous le ressentez ?
Oui, souvent j’entends cela sur ma personne ! Et d’ailleurs, ce trait de caractère se reflète dans mes dessins !
A travers la douceur, nous pouvons tout aussi bien informer et raisonner le public !
Oui, ce n’est pas faux ! D’ailleurs, le dessin de France Football que j’ai cité plus tôt est plutôt doux.
En 2016, la France accueillera l’Euro de Football. Croyez-vous aux chances de l’Equipe de France ?
Oui, bien-sûr ! Généralement quand nous organisons un événement on gagne donc pour gagner nous avons déjà fait la moitié du chemin.
Selon vous, quelle sera l’équipe surprise de la compétition ?
Je dirais la Belgique même si c’est de moins en moins une surprise !
Vous vivez en Espagne. Pensez-vous que la Roja a des chances ?
Nous avons bien profité de leurs exploits et des victoires mais j’ai peur que le cycle positif soit terminé.
Je ne vois pas forcément l’Espagne mais vous savez les pronostics c’est toujours un peu aléatoire.
Par exemple, la Grèce en 2004 qui était sans doute l’équipe la plus faible mais au final, c’est elle qui remporte la compétition donc selon moi, tous les participants peuvent aller au bout !
Enfin, pour conclure l’interview, que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir ?
Continuer à dessiner parce que professionnellement c’est là où je prends un très grand plaisir ! Tous les matins, je vais à mon bureau avec toujours la même envie donc tout simplement, je souhaite continuer à vivre ainsi !
Je vous souhaite une excellente continuation !
Merci.
Je vous remercie Monsieur Faro pour ces belles confidences et pour ce bel échange !
Propos recueillis par M. Bensalah
Mardi 17 Novembre 2015
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