Interview Exclusive de Dave Appadoo : « J'aimerais interviewer le Pape François ! »
- Sports and People News
- 31 août 2016
- 18 min de lecture
Aujourd'hui, Sports and People News a le plaisir d'accueillir Dave Appadoo, journaliste de sport à France Football.
Dans cette entrevue, vous découvrirez le parcours atypique d'un homme bienveillant qui attache beaucoup d'importance aux valeurs humaines.
Rencontre inédite avec celui que l’on surnomme affectueusement ʺLe Professeurʺ.

Les débuts.
Comment êtes-vous devenu journaliste de sport ?
C'est un concours de circonstance, au départ, je me dirigeai vers une vocation de professeur !
En parallèle de cela, comme j'adore écrire, j'écrivais beaucoup sur le sport et ce, que ce soit des portraits ou des comptes rendus de rencontres sportives. Et un jour, un de mes proches envoie quelques-uns de mes écrits à des médias sportifs et quelques temps après, je reçois un retour favorable qui complimenté ma façon d'écrire et c'est ainsi que j'atterris à So Foot où Franck Annese, le directeur de la rédaction, m’a donné ma chance et aujourd’hui, je tiens encore à le remercier !
Les aléas de la vie, vous ont offert une nouvelle carrière ?
Oui, ce n’est pas un parcours classique ! Même si, au début, j’en suis arrivé là grâce à un concours de circonstances par la suite, j’ai eu une réelle envie et la volonté d’évoluer dans ce milieu professionnel.
En quelque sorte, vous êtes un autodidacte ?
Oui, c'est un peu vrai dans le sens où je me suis formé sur le tas !
J'ai eu la chance de lire très tôt des quotidiens et des magazines comme L'Equipe, France Football ou encore Onze Mondial et quelque part cela m'a permis d'assimiler plus facilement les règles d'écriture des articles de presse mais aussi, la manière de concevoir et de réaliser des interviews.
Cette richesse culturelle combinée à mon souhait d'améliorer mes écrits m’a permis des années plus tard, de m’intégrer plus efficacement dans cet univers !
Aussi, j'ai eu le bonheur de rencontrer d’excellents journalistes qui m’ont transmis de bons conseils et qui aujourd’hui, m'ont permis d'évoluer et d'être plus compétent dans mon métier.
Aujourd’hui, éprouvez-vous des regrets de n'être pas devenu enseignant ?
Je n'éprouve absolument aucun regret puisque je suis content de mon parcours !
Je pense même que la vie est bien faite car aujourd'hui, je fais un métier qui me plaît dans lequel, je prends du plaisir, j'avance et tant que j'aurais cette fraîcheur en moi, je continuerais !
La Passion du Football
Comment est née votre passion pour le football ?
Comme beaucoup de personnes, je suis passionné par le football depuis ma plus tendre enfance et ce notamment grâce à mon père qui est un grand amateur de ce sport !
D'ailleurs, le fait d'aimer ce sport m'a permis de me rapprocher et de passer du temps avec lui, surtout les soirs où des matchs de football étaient retransmis à la télévision.
Au début des années 80, il n'y avait pas autant de sport à la télévision qu'aujourd'hui donc quand des rencontres sportives étaient diffusées c'était vraiment un événement que nous regardions en famille et ce même si, le lendemain, il y avait école ! (Rire).
Aussi, j'ai appris à apprécier le football en lisant régulièrement des livres sur ce sujet que mon père et ma famille m'offrait à Noel ou pour mes anniversaires. Je me souviens que je lisais et je relisais par plaisir des ouvrages sur les Coupes d’Europe, l’Ajax d’Amsterdam des années 70 et grâce à ses cadeaux j’ai découvert des histoires, des exploits et cela m'a permis d'enrichir ma culture sportive !
En grandissant, vous complétez vos connaissances avec d’autres sources telles les images, les vidéos etc, Toutefois, mes premières sources d’informations furent ces livres mais aussi, ma complicité avec mon père !
Vos souvenirs d'enfance ont-ils influencé votre futur ?
C'est souvent ainsi que cela se passe et surtout dans le domaine sportif qui est une activité qui se partage et se vit en famille ou entre amis !
De plus, quand vous grandissez dans une cité où la plupart des personnes aiment et pratique ce sport, il y a de fortes chances que vous aussi, vous vous y intéressez ! D'ailleurs, à cette époque, avec mon père et quelques amis, nous avions ouvert un club de football dans notre quartier et cela m'a encore plus rapproché de ce sport !
Durant votre jeunesse, aviez-vous des idoles ?
Oui ! Mon footballeur préféré et indétrônable c'est Diego Armando Maradona qui est selon moi, un joueur tout droit sorti d'un dessin animé... Il marquait des buts à la manière d'Olive et Tom !
Aujourd’hui, un enfant, vous citerez Lionel Messi alors qu'à mon époque, Maradona réalisait des choses que personne d’autre ne tentait sur un terrain de football ! A sa façon de jouer, nous avions l'impression qu'à lui seul, il pouvait faire gagner son équipe et l'exemple le plus marquant est sans nul doute le Mondial 1986, lorsqu'il prend le ballon au milieu de terrain et qu’il élimine toute l’équipe d’Angleterre.
En grandissant, vous comprenez bien que le football est un jeu collectif construit autour d'un système !
Par la suite, j’ai découvert sa vie et son œuvre qui sont complétement démentes car cela va au-delà des mots ! D’après moi, sa vie d’homme et sa vie de joueur font de lui un personnage unique et encore aujourd’hui, Diego Armando Maradona est mon idole absolue et il le restera éternellement !
Dans l’avenir, aimeriez-vous écrire un ouvrage sur Maradona ?
J'aimerais bien ! Vous savez le métier de journaliste est totalement différent de celui d'écrivain. Quand vous écrivez un article de presse, vous faites référence à un sujet précis tandis que pour la conception d’un ouvrage, la démarche est toute autre puisqu'en plus de parler d'un sujet vous y ajoutez un peu de vous-même ! Du coup, l'approche et la projection de soi changent.
De plus, lorsque vous écrivez un livre, vous devez être capable d'intéresser le lecteur à votre thématique. Concernant, Diego Armando Maradona, beaucoup de choses ont été dites et écrites à son sujet et en même temps, je suis sûr qu'ils restent des choses à dire et ce que ce soit sur sa carrière où sur son existence si foisonnante tellement le personnage est passionnant !
Aussi, il est important de prendre en compte un autre paramètre qui est celui de la mise en avant ou de la mise en danger car en étant un écrivain, vous êtes seul à vous défendre face aux critiques alors que derrière le journaliste, il y a son média et donc une structure qui vous représente ! C'est pourquoi, je suis admiratif de mes confrères qui écrivent des ouvrages comme mon ami Chérif Ghemmour qui a sorti l’an dernier un livre sur Johan Cruyff*… D’ailleurs, je lui tire mon chapeau et je le félicite !
Pour le moment, je ne suis pas encore prêt à le faire mais peut-être qu'à l'avenir cela deviendra une envie à concrétiser !
*"Johan Cruyff, génie pop et despote" aux éditions Hugo Sport.
Vous venez d’évoquer les critiques. Quels sont les retours que vous recevez de la part du public ?
Je ne sais pas pour la simple et bonne raison que je ne suis pas présent sur les réseaux sociaux ce qui est un choix délibéré de ma part ! Je considère que j’ai suffisamment de tribunes entre France Football, L’Equipe 21, RTL et auparavant So Foot pour m’exprimer !
Par ailleurs, je ne trouve pas d'intérêt particulier pour le public à m’écouter parler d’un match de football pour lequel je n'ai pas travaillé !
De plus, je ne souhaite pas être à l'affût du moindre commentaire positif ou négatif que je pourrai recevoir de la part des internautes qui feront suite à un article que j'aurais écrit ou des propos que j'aurais tenu.
Durant mes interventions à l'antenne ou à l'écrit, j'évoque simplement ce que je ressens et mon point de vue sur une thématique donnée. Par contre, je ne dirai jamais que j’ai raison ou tort, j'indique seulement mon avis et le public reçoit cette information et il se l’approprie comme il le souhaite !
Enfin, je pense très sincèrement que si mon travail n'était pas satisfaisant mes dirigeants m'auraient déjà remplacé depuis longtemps !
Finalement, nous pouvons vivre sans être en hyper connectivité ?
En fait, ce que vous n’avez pas, ne vous manque pas ! Peut-être que si j’avais suivi le mouvement, parfois je me sentirai en manque mais comme je n’y suis pas, je ressens aucun besoin à ce niveau-là !
Par ailleurs, quand vous voyez la peine qu'éprouve certains de vos confrères après qu'ils ont reçu des commentaires très virulents sur les réseaux sociaux et bien très sincèrement, je suis content de ne pas savoir ce qui se dit à mon sujet… Quelque part, je me préserve et c'est mieux ainsi !
L’évolution est-elle toujours bénéfique ?
Oui bien-sûr ! Ce n’est pas le progrès ou l’évolution qu’il faut mettre en doute mais plutôt les mauvaises utilisations que certaines personnes peuvent en faire !
Pour tous amateurs de football, savoir que nous pouvons regarder un match en temps réel sans attendre des semaines ou des mois pour une diffusion c’est génial ! Après, c’est sûr qu’il est important d’avoir un certain regard sur l’évolution et de tenir compte du passé et de l’histoire sans se dire que le football est né en 1998 grâce aux deux buts de Zinedine Zidane ou en 2016 avec la Finale de l’Euro mais qu’avant nous, la vie existait déjà !
Journaliste de Sport: La Vocation
Depuis quelques années, vous évoluez à la fois en presse écrite, en radio et à la télévision. Qu’est-ce qui vous plaît sur ces trois supports médiatiques ?
Je trouve qu'ils sont extrêmement complémentaires.
J’aime l'univers de la presse écrite et j’ai l’envie d’y rester le plus longtemps possible et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cela m’oblige à réaliser un travail de fond qui est conséquent dans le sens où vous devez faire vous-même des recherches, contacter du monde pour vos interview ce qui vous permet de développer votre carnet d’adresse et ainsi entretenir un relationnel mais aussi de cette manière, vous enrichissez votre savoir car vous êtes au cœur de l’actualité !
De plus, j'apprécie grandement le fait d'apporter un vrai décryptage au public.
Enfin, tout ce travail de fond réalisé pour la presse écrite me permet d’être beaucoup plus crédible et bien meilleur durant mes interventions à l’antenne qu’elles soient en radio ou à la télévision.
A l'image de l'émission "L'Equipe du Soir" sur L'Equipe 21, le sport devient-il un sujet culturel ?
Je pense que divertir et informer le public c’est vraiment le but des émissions qui traitent de sport !
Est-ce voulu que ce genre de programme paraît bien souvent trop court ?
C’est bon signe ! (Rire). Cela me fait penser à la devise de Pelé : "Partir quand le public veut que vous restiez et ne pas rester quand le public veut que vous partiez !"
Si le public en demande plus cela insinue que l’émission fut bonne alors que s'il se réjouit que le programme soit enfin terminé c’est plutôt un mauvais signe pour nous ! C’est un peu comme un repas, si vous le finissez en étant un peu saturé c’est peu satisfaisant !
Pour l’instant, quel est votre plus beau souvenir lié à votre profession ?
Le moment le plus fort que j’ai vécu c’est mon aventure entre 2008 et 2009 à ʺAujourd'hui Sportʺ qui fut vraiment une aventure humaine incroyable où nous avions qu’une envie renverser des montagnes !
Au sein de cette rédaction, il y avait une belle fraîcheur et nous travaillons dans une merveilleuse ambiance que je qualifierais de camaraderie ou d’ambiance potache qui nourrissait notre travail !
Il existe des rédactions où il est mal vu d’être aussi jovial, mais à ʺAujourd'hui Sportʺ c’était presque conseillé car de la connerie naissait une bonne idée ou un enthousiasme qui fait que le lendemain, nous revenions avec de nouvelles idées !
Huit ans après, entre anciens collègues et notamment avec mon ami Nabil Djellit, nous parlons encore de cette expérience dans ce journal car au-delà de l’aspect professionnel, le côté humain fut très marquant !
Probablement que nous ne vivrons plus jamais de telles émotions car ce fut dans des conditions spéciales où une alchimie particulière s’est créée, impulsée par la personne de Karim Nedjari. Il a su apporter de l’humain dans un projet professionnel et c’est plutôt quelque chose de rare dans ce milieu surtout quand cela provient de votre chef !
L’aspect humain est une valeur importante chez vous ?
Oui, c’est une notion importante !
Quelles sont les interviews dont vous êtes le plus satisfait ?
Je vous dirai ma rencontre avec Mamadou Niang pour So Foot et pour l’occasion, j’avais demandé à Vikash Dhorasoo de m’accompagner car venant tout deux du même quartier Caucriauville au Havre, j’avais voulu apporter le côté grand frère de Vikash. Avec la présence de Vikash Dhorasoo je pensais que Mamadou Niang se livrerait avec plus d’aisance.
Pour rappel, nous étions le soir à la Commanderie, le centre d’entraînement de l’OM, et quand nous sommes ressortis des locaux, il n’y avait plus personne, il restait seulement le garde barrière qui nous attendait pour fermer les lieux.
Au fil des minutes l'entretien est devenu une véritable conversation où Mamadou Niang nous racontait ses souvenirs, ses bêtises et au final, il s’est complétement livré et il n’y avait plus de filtre où la personnalité interviewée fait attention à ses propos. Cette superbe rencontre fait partie de mes meilleures interviews !
Je peux aussi, vous citez une interview avec Hatem Ben Arfa qui m’a beaucoup plu, elle aussi réalisée quand il évoluait à Marseille. C’était il y a 7-8 ans, et je savais qu'il était un peu réservé. A cette époque, ce n’était pas du tout le même Hatem Ben Arfa qu’aujourd’hui, il fallait le prendre d’une certaine manière afin de le mettre dans les meilleures conditions au moment de l’interview. Donc je décide d'en apprendre davantage sur lui, et j’apprends qu’il apprécie beaucoup un endroit dans les hauteurs de Cassis, du coup, avec un autre journaliste de So Foot nous avons réalisé cette entrevue à cet endroit.
Par rapport à ce que nous pensions, il s’est beaucoup livré et comme c’est quelqu’un de très attachant, j’ai vraiment aimé ce moment ! Ce fut plaisant !
Aujourd’hui, avez-vous gardé de belles relations avec Mamadou Niang et Hatem Ben Arfa ?
Je prends des nouvelles des footballeurs quand ils se blessent ou pour une autre annonce mais sinon, j’évite d’entretenir des relations amicales avec eux.
Pour quelle raison ?
Cette manière d’agir m'est propre ! Je refuse d’entretenir des relations amicales avec les sportifs pour la simple et bonne raison que je me vois mal les critiquer et être objectif en ayant des liens amicaux avec eux.
Je pense que c’est compliqué d’être à la fois l’ami et le journaliste car tôt ou tard, en tant que journaliste, le jugement sur la prestation du footballeur arrive et je me vois mal me mentir à moi-même, au public et à la personne concernée.
Dans l’avenir, si vous avez la possibilité, quelles personnalités aimeriez-vous interviewer ?
Bonne question ! Je dirais une personne comme le Pape François car il réunit plein de critères qu’ils soient d’ordre spirituel, philosophique, humanitaire, géopolitique mais aussi sportif car c’est aussi quelqu’un qui s’y connaît beaucoup en football. Dans la thématique, il en ressort quelque chose d’universelle et en même temps, interviewer de telles personnes c’est plutôt rare dans une vie ! Après, il faut rester terre à terre puisque nous ne pouvons pas hiérarchiser des personnes juste par rapport à leurs fonctions ou leurs titres cela serait irrespectueux.
Je peux tout aussi bien interroger des habitants de Locminé quand ils reçoivent le Paris Saint-Germain pour un match de pré saison que réaliser une interview avec Michel Platini !
Par contre, en terme d’inaccessibilité et donc de difficulté que l’on peut rencontrer durant une interview c’est un paramètre qui compte car vous obtiendrez une meilleure satisfaction de votre travail puisqu’il est plus gratifiant pour soi-même de réussir là où peu de personnes réussissent ! Donc pour revenir à votre question, je vous répondrai le Pape François juste pour ces raisons-là et non pas pour des raisons confessionnelles !
Sachant que vous êtes perfectionniste, pour le moment, êtes-vous satisfait par votre carrière professionnelle ?
En fait, je suis perfectionniste sur le travail que je produis que ce soit mes propos ou mes écrits… Sur la carrière professionnelle, c’est encore autre chose !
Vous avez plutôt une belle carrière !
Je ne sais pas, vu que je ne me pose pas cette question ! Je me demande plutôt si elle est en accord avec ce que j’ai envie de faire. Par exemple, je suis capable de refuser un très bon poste ou une très belle proposition, si je sens que la fonction ne va pas m’intéresser plus que cela ! Et même, si ce poste peut être prestigieux voire valorisant pour moi, je préfère le refuser si le travail demandé ne m’intéresse pas. Je ne prends pas cet exemple au hasard puisque cela m’est déjà arrivé d’être dans une telle situation.
De mon point de vue, je suis satisfait de ma carrière car je réalise des choses que j’aime et je n’ai rien fait de contraire à mes idées donc c’est plutôt une satisfaction que j’éprouve !
De plus, j’ai la sensation d’être toujours en mouvement, de ne jamais me figer et donc de n’être jamais dans la routine. J’avance, je me diversifie et rien que pour cela j’apprécie encore plus mon métier !
Le plaisir est-il un moteur primordial ?
Oui, bien sûr ! Me concernant, je fonctionne mieux quand je me plais dans une rédaction ou lorsque le travail que je réalise me contente ! C’est pourquoi, je prends un tel plaisir à aller sur le plateau de ʺL’Equipe du Soirʺ ou celui de ʺL’Equipe Typeʺ sur L’Equipe 21. Il est certain que ma prestation serait moins bonne si je ne prenais aucun plaisir !
Je pense que le lecteur peut ressentir en lisant un article si l’auteur a pris ou non du plaisir en l’écrivant. Je suis persuadé que le lecteur le sentira !
Etes-vous tenté par la présentation d’un journal télévisé ?
Pour le coup, je suis impressionné par le travail qu’ils ou elles fournissent car c’est vraiment extraordinaire et c’est aussi un métier totalement différent du mien ! C’est vraiment un poste où vous êtes au cœur de l’action où vous devez informer le pays de manière pertinente et la plus intéressante possible et en même temps, c’est tellement dur de paraître enthousiaste quand vous devez annoncer des nouvelles dramatiques et rien que pour cela j’ai un immense respect pour ces journalistes.
Pour répondre à votre question, pour le moment, cette fonction ne me tente pas puisque ce n’est pas mon métier et d’autre part, ce n’est pas ce que j’ai envie de faire !
Revenons au sport. Dans l’avenir, vous aimeriez commenter des rencontres sportives ?
J’ai déjà fait un peu de commentaire mais ce fut rare et de manière ponctuelle !
En fait, j’étais consultant au côté d’un commentateur sportif et j’avoue que cette activité m’a bien plu !
Par contre, le commentaire qu’on nomme aussi le ʺleadʺ dans le jargon professionnel que réalisent Grégoire Margotton ou Christian Jeanpierre est une fonction qui ne me convient pas car depuis quelques années, je suis devenu un journaliste d’opinion.
Me connaissant, je sais que cette activité n’est pas faite pour moi ou du moins, je n’ai pas la fibre pour cela car il faut avoir un vrai phrasé, mais aussi avoir un débit particulier.
Cependant, j’adore la fonction de consultant sportif et je me souviens avoir pris un réel plaisir quand je suis devenu moi-même consultant pour L’Equipe TV aux côtés de Nathan Franchi ou de Raphaël Sebaoun pour des matchs amicaux ou des rencontres de Championship, la 2ème Division Anglaise. Ce sont des activités qui vous oblige à vous documenter sur les joueurs, sur les équipes, sur l’histoire du club, etc. Et c’est vachement bien !
Ce fut une expérience superbe, très sympathique et j’espère la réitérer prochainement !
Qu'est-ce qui vous plaît dans la fonction de consultant ?
Le consultant apporte un éclairage et un complément d’information au public.
Que ce soit à travers mes papiers, mes interventions à l’antenne, où lorsque j’étais consultant, j’aime éclairer, décrypter et décoder l’information !
En évoquant votre besoin d’éclairer le public, cela me fait penser à votre première vocation celle d’enseignant. Finalement, tout est lié et chez vous, la transmission du savoir est importante !
Oui, c’est exactement ce qu’on m’a dit ! Oui, bien vu ! Certes, en tant qu’enseignant c’est une autre approche mais je devais avoir un peu cette fibre qui est un peu de l’ordre de la transmission ! Pour le coup, mes collègues vont découvrir cette information puisque je tiens à préserver ma vie privée et ce qui est marrant dans l’histoire, c’est qu’à ʺL’Equipe du Soirʺ personne ne connaît ce passé dans l’enseignement et sans le savoir, ils m’ont surnommé ʺLe Professeurʺ ! C’est assez drôle ! Je vous livre vraiment une information personnelle que personne ne connaît !
Vous rivalisez donc avec Monsieur Alain Prost, qui est aussi surnommé le ʺProfesseurʺ ?
Pour le coup, Alain Prost c’est le ʺProfesseurʺ !
Peut-être que la nouvelle génération de journalistes sportifs vous prendra en modèle ?
Je suis tout petit à l’échelle des journalistes !
Il existe de nombreux journalistes qui sont beaucoup plus marquants que moi ! Si déjà les personnes qui sont devant leur télévision ou ceux qui écoutent la radio aiment ce que je fais, ça me suffit !
Quand quelqu’un dans la rue me fait ce genre de compliment, je suis content ! En soi ça m’est égal qu’on puisse me reconnaître par contre, si une personne fait référence à mes analyses ou des propos que j’ai tenus dans une émission télévisuelle ou radio, là ça me plaît beaucoup et cela me fait plaisir car quelque part mes mots ont rencontré un écho et même s’ils trouvent que mon jugement est trop sévère ou qu’ils sont contre ma vision sur un sujet, ça ne me dérange pas puisque je l’accepte et nous pouvons en discuter.
Il y a 10 ans, j’écrivais des petites brèves pour L’Equipe.fr et FranceFootball.fr… Et aujourd’hui, on me demande mon avis sur l'actualité du football et rien que pour ça, je trouve cela énorme !
Grand féru de sport.
Hormis le football, quels sports appréciez-vous ?
J’adore la NBA et je regarde quasiment tous les matchs qui passent à la télévision. Je suis assidument toute la saison de NBA avec les play-offs et ce depuis l’âge de 15 ans.
A la base, mon vrai sport préféré c’est le tennis ! Par la suite, je me suis orienté vers le football car j’adore ce sport qui est vraiment une passion et parce qu’il y a beaucoup plus d’opportunités de travail dans ce domaine ! Le football, le tennis et le basket américain sont vraiment mes trois sports favoris et j’apprécie aussi le fait qu’ils soient des sports ludiques !
Durant cet été 2016, il y a eu les Jeux Olympiques de Rio. Vous avez suivi cet événement ?
Oui ! Comme vous le savez maintenant, le football, le tennis et le basket que je mets à part font parties de mes sports préférés mais pendant les Jeux Olympiques je ne les regarde pas ! Pourtant, je suis toutes les autres disciplines comme la natation, la gymnastique, l’athlétisme, l’équitation ou encore le tir-à-l ’arc !
Pourquoi ?
Pour moi, ils ne sont pas des sports olympiques ! Certes, ils sont présents aux Jeux Olympiques mais d’après moi, ne sont Olympiques que les sports où les Olympiades constituent le graal. Prenons en exemple l’athlétisme et la natation, en termes de compétition pure, il n’y a rien au-dessus des Jeux Olympiques. Le graal en football c’est la Coupe du Monde et le graal au tennis c’est de gagner un des tournois majeurs ou de réaliser le Grand-Chelem. C’est pourquoi je dis que les Jeux Olympiques sont le graal pour la plupart des sports sauf pour le football et le tennis.
Vous aimeriez interviewer des basketteurs ou des tennismans ?
N’importe quel sportif me plaît ! Qu’il soit footballeur, tennisman, basketteur ou qu’il pratique le tir-à-l ‘arc ça me convient parfaitement ! Un sportif a forcément un parcours, une histoire à raconter, c’est surement quelqu’un qui a vaincu des choses après nous sommes plus ou moins sensible à la discipline qu’il pratique mais l’homme, la femme ou le champion a certainement des choses passionnantes à dire et qu’on aimerait découvrir !
En fait, ce sont plutôt les parcours de vie qui vous intéresse ?
Oui ! Vous savez écrire sur la technique et la performance sportive cela tient sur quelques lignes alors que si vous allez plus loin, vous découvrirez davantage de chose. Ce qui m’intéresse, c’est le parcours et cela est valable pour tous les champions ! Prenons en exemple, Usain Bolt. Outre ses records exceptionnels, quand vous vous intéressez à lui, à sa façon d’appréhender une épreuve, vous apprenez que durant sa jeunesse, il s’entraînait pieds nus et là, vous comprenez mieux le personnage !
Aujourd’hui, pratiquez-vous des activités sportives ?
Oui ! Je fais un peu de tennis, du football même si c’est moins qu’avant et quand j’ai du courage, je cours un peu.
Vous auriez aimé devenir un sportif professionnel ?
Non car c’est un engagement et une dévotion incroyable qui est trop forte pour moi. J’ai vécu une belle jeunesse et une belle adolescence et voir que les jeunes sportifs sont obligés de mettre cette ʺbelle vieʺ de côté afin de réaliser leurs rêves. Cela je le comprends et je respecte mais me concernant, je n’aurais pas aimé vivre mes jeunes années de cette manière !
Les origines.
Autre particularité vous concernant, vous êtes un des rares Mauriciens à être connu en France…
Il y a aussi Salim Baungally également journaliste et commentateur sportif !
Ce fait a-t-il une saveur ou une satisfaction particulière ?
Non car étant né dans le 20ème arrondissement de Paris, je me considère à part entière français ! Je suis né en France, j’ai suivi toute ma scolarité en France et je vis en France et pour boucler la boucle, mes enfants sont Français dont tout me rattache à ce pays qui est le mien !
En même temps, je comprends votre question mais quand je suis à l’antenne, je ne suis pas un représentant de l’Ile Maurice ou des personnes métisses vivantes en France. J’interviens à l’antenne en tant que Dave Appadoo, journaliste sportif c’est tout ! Je ne représente que moi-même !
Par ma question, je ne souhaitais nullement vous restreindre à une communauté, juste en savoir plus sur vos origines.
De mon côté, je n’ai pas de saveur particulière puisque j’en ai pas du tout conscience ! Après, je peux comprendre que le public me voit ainsi d’autant plus, qu’il n’y a pas beaucoup de Mauriciens présents dans les médias français mais me concernant, je ne m’arrête pas à cela ! Quand j’écris où quand je suis à l’antenne, je suis juste le journaliste sportif !
Enfin, pour conclure l’interview, que pouvons-nous vous souhaitez pour l’avenir ?
De continuer le plus longtemps possible à prendre du plaisir dans ce que je fais ! Ceci est mon but ultime dans le sens où je ne souhaiterais pas me retrouver dans 20 ans environ aigri, avec l’impression d’aller au travail de manière mécanique comme un automate, de façon routinière. Je me souhaite de continuer d’aller au travail en ayant le sourire, avec l’envie de faire des choses, et l’envie d’avancer, tout en conservant ce plaisir et cet enthousiasme ! Si, je conserve cela le plus longtemps possible et même jusqu’au bout, j’aurais réussi ! La réussite ne réside pas uniquement au niveau de son poste ou de son salaire c’est aussi savoir si nous nous sommes réalisés et épanouis. Si je continue de m’épanouir dans mon métier c’est formidable car selon moi, cela est un curseur de réussite qui est invisible puisque seulement celui qui le vit, le sait… En tout cas, moi je le saurai !
Je vous remercie Monsieur Appadoo pour ces belles confidences !
Je vous souhaite une excellente continuation !
Propos recueillis par M. Bensalah.
Lundi 8 Août 2016.
Si vous souhaitez suivre l'actualité de Dave Appadoo, veuillez-vous dirigez vers les sites suivants :
France Football: http://www.francefootball.fr/
Dave Appadoo intervient sur RTL mais aussi dans l'émission "L'Equipe du Soir" présentée par Olivier Ménard, en direct du lundi au vendredi, de 22h30 à minuit sur L'Equipe 21.