Interview Exclusive de Nicolas Vidal : « Il faut que les petits clubs continuent d'accéder à la
Aujourd'hui, Sports and People News à l'immense bonheur d'accueillir Nicolas Vidal, Fondateur et Directeur de la Publication du média Putsch afin qu'il nous livre ses impressions sur la 64ème édition de la Ligue des Champions.
Nicolas Vidal, Fondateur et Directeur de la Publication de Putsch.
De manière générale, que pensez-vous de l'édition 2018-2019 de la Ligue des Champions ?
Cette édition aura été l’occasion, presque inespérée, de reprendre goût à la glorieuse incertitude du football avec notamment l’élimination de la Juventus, du Real de Madrid ou encore de Manchester City. Car malheureusement les intérêts globaux du business autour du football vont de plus en plus à l’encontre du suspens. Il y a de moins en moins d’imprévisibilité dans le football et les clubs deviennent des objets marketing qui se nourrissent quasi-exclusivement d’un star-system de joueurs, en vase clos. Donc l’incertitude du résultat n’a d’existence qu’à partir des 1/2 finales de cette compétition entre quelques clubs huppés.
Cette édition a vu aussi le nouveau naufrage sportif du Paris Saint Germain. De nombreux journalistes, consultants et médias, depuis plusieurs années, nous vantent les vertus et les mérites de ce club, devenu totalement artificiel depuis l’arrivée au pouvoir de QSI. Les instances du football national ont sacrifié l’intérêt de la ligue 1, en pensant naïvement que le PSG irait chercher une Ligue des Champions avec sa galaxie de stars-mercenaires. C’était l’alibi d’un désastre annoncé. En réalité, le PSG a littéralement tué l’intérêt de la ligue 1, et n’a pas permis aux autres clubs français de bénéficier des prétendus « bienfaits » économiques de la prédominance du Paris Saint Germain. En réalité, il semblerait que le processus de ruissellement ne fonctionne ni en politique, ni dans le football. Il y a fort à parier que cette édition 2018-2019 porte le coup fatal du projet QSI au Paris Saint Germain. Car je ne suis pas persuadé que les Mbappé, Neymar ou autres Di Maria ou Cavani n’auront plus la patience d’attendre une hypothétique place en quart de finale dans trois ou quatre ans. Les rémunérations colossales sont une chose, mais la capacité de compter sur la scène européenne en est une autre et elle est de taille.Et le PSG se retrouve dans une impasse. Car l’argent ne fait pas tout, même avec des mercenaires.
Quel est votre avis sur les Quarts de Finale que nous venons de vivre ? Vous vous attendiez à retrouver en Demi-Finale de la C1, Tottenham et l'Ajax Amsterdam ?
Comme je le disais, ils ont quelque chose qui tient du nostalgique lorsque la Ligue des Champions qui s’appelait encore la Coupe d’Europe ne s’était pas compromis avec le système des poules et qui donnait des résultats bien plus « imprévisibles » avec des matches aller-retour. Et on voit bien que cette incertitude combiné au suspens nous fait vivre des soirées mémorables, de rebondissements, d’égalisation, de coups du sort et une qualification ou une élimination à la clé. C’est le cas des victoires de Tottenham et de l’Ajax qui étaient quelque part inattendues. Et elles sont heureuses tant elles participent à refaire vivre ce qu’on connaît avec les nouvelles formules de la Ligue des Champions qui n’ont cessé d’être pensées pour favoriser les grands clubs, comprendre les puissances d’argent, de marketing, de sponsoring et de droits TV.
À l'image de Tottenham et de l'Ajax Amsterdam, le football se doit-il d'être sans concession en faveur de l'attaque... pour pouvoir vivre de grandes émotions ?
Le football s’accommode de grandes émotions, de belles soirées et de match à suspens où les équipes sont en capacité de jouer un football total et enlevé. Mais convenez avec moi qu’hormis le FC Barcelone qui a une identité de jeu forte, la plupart des autres grands clubs s'interchangent les grands joueurs ou vont piller les clubs moins prestigieux de leurs meilleurs éléments. Donc l’identité d’un club de foot (hormis peut-être ses supporters) est fondu dans ces onéreuses migrations, essentiellement provoqués par des propositions salariales pharaoniques. Mais en aucun cas, pour la philosophie du jeu pratiquée et encore moins pour une identité territoriale comme c’est le cas par exemple à l'Atletico Bilbao. On l’a d’ailleurs vu avec Ronaldo, pour lequel on ne pensait pas qu’il quitterait le Real et aujourd'hui il défend les couleurs de la Juventus pour sa fin de carrière.
Le foot business a été le fossoyeur de l’identité de jeu et organique des clubs.
Les petites équipes battent les grandes équipes, est-ce la magie du football qui repose sur la chance ou sur un style de jeu ?
Au regard ce que j’ai dit plus haut, la victoire des petites équipes sur les grandes est devenue aujourd'hui quasiment impossible. Néanmoins, l'Ajax d’Amsterdam est une excellente surprise mais qui malheureusement, et je le déplore, sera très isolée et anecdotique. Les grands clubs resteront indéboulonnables avec la complicité de l'UEFA et bien souvent des ligues nationales qui s’accrochent aux performances de leurs clubs sur la scène européenne. Et c’est encore plus vrai en France, où la LFP, notamment, a sacrifié la ligue 1 pour se compromettre dans le naufrage sportif et économique du PSG.
Justement, quel style de jeu appréciez-vous ?
Je suis toujours très enthousiaste pour un jeu de passes courtes, de construction, et des combinaisons rapides. Cela nécessite des joueurs intelligents techniques et inspirés. Pour ma part, je suis un supporter insubmersible du Nîmes Olympique où j’ai traîné mes guêtres dans le stade des Costières depuis 30 ans. On y a tout connu. Les performances du club depuis 3 saisons sont absolument incroyables. Et ce petit club professionnel repose sur une exceptionnelle formation de jeunes joueurs du crû, un style de jeu similaire à ce que j’apprécie, avec une vraie identité de territoire, portée par toute une ville passionnée de football. Donc en réalité, le football est un tout et dépasse largement le simple rectangle vert.
En demi-finales, le FC Barcelone affrontera Liverpool et Tottenham rencontrera l'Ajax Amsterdam. Comment voyez-vous les demi-finales ? Selon vous, le vainqueur de cette 64ème édition de la Ligue des Champions sera une équipe surprise ou un favori ?
J’espère qu’elles seront à l’image des Quart de Finale et que nous pourrons avoir en Finale une saveur d’inédit avec Liverpool contre l’Ajax même si j’ai toujours apprécié le FC Barcelone qui se repose sur son école de football de la Masia en vue d’alimenter son équipe première.
Enfin, en un mot, comment définiriez vous la Ligue des Champions ?
Depuis 1991/1992, il s’est engagé un grand projet pour réformer la Ligue des Champions. Mais en aucun cas, il n’a pas été pensé pour dynamiser le football et sa matière première organique vitale : le suspens. Bien au contraire, ces projets ont été pensés dans l’optique des droits TV, du sponsoring, et du merchandising ainsi que tout le business qui gravite autour du football.
En réalité, la réforme de la Ligue des Champions a un seul objectif qui se dessine plus clairement à chaque nouvelle réforme : organiser enfin et définitivement une ligue totalement fermée à l’horizon 2024 où les clubs européens les plus riches s’affronteront, sans le couperet de la relégation. C’est un scandale absolu qui tuera à jamais l’intérêt sportif sur l’auteur de l’argent-roi. Il est clair qu’à chaque réforme, les instances tendent vers cela : une élite plus élitiste que jamais pour resserrer le pool des grands clubs dans un cercle très privé.
Dans ce jeu dangereux, le football français perdrait énormément car nos clubs ne pourront jamais faire concurrence aux grands clubs européens. On attend désormais la réaction de l'intelligentsia du football français à ce sujet.
Pour information, même Zinedine Zidane, il y a quelques jours, s’est dit « réservé sur ce projet de réforme » et a pris le parti des petits clubs dont font partie selon moi Lyon, PSG ou encore Monaco. Zidane évoquait le fait « qu’il faut que les petits clubs continuent à pouvoir accéder à la Ligue des Champions ».
Les instances du football européen sont à l’image des technocrates de l’Union Européenne, ils décident à l’encontre des valeurs cardinales du sport et ne protègent en aucun les petits clubs, comme la commission européenne qui décident à l’abri des peuples et des plus précaires. Mais elles se rejoignent en un point : une politique très favorable et antidémocratique aux puissances d’argent.
Propos recueillis par M. Bensalah.
Samedi 20 Avril 2019.
Je vous remercie grandement Monsieur Nicolas Vidal pour ce bel échange.
J'espère que le football continuera de vous faire vivre de sublimes émotions et je vous souhaite aussi une excellente continuation.
Si vous souhaitez suivre l'actualité du média Putsch, dirigez-vous vers les sites suivants :
Site Officiel : Putsch
Instagram : Putsch