top of page

Interview Exclusive de Lydie Harrouche : «Le vote anticipé a battu des records cette année.»

À l'occasion de cette 59ème Élection Présidentielle Américaine, Sports and People News a souhaité recueillir le témoignage de Lydie Harrouche, correspondante à New York pour le média belge LN24.

Depuis New York, Lydie Harrouche suit les élections américaines pour le média belge LN24. (Crédits photos : Lydie Harrouche / LN24).


Chère Madame Harrouche, vous êtes journaliste et vous suivez l'élection présidentielle américaine depuis New-York et Washington.  

Quelques heures après l’annonce du gagnant, Joe Biden, quelle atmosphère règne dans le pays et plus précisément à New York ?  

L’attente était devenue insoutenable ces dernières heures. Le 3 novembre au soir, j’ai couvert la soirée électorale en me rendant à Times Square. C’est habituellement ici que les New Yorkais se réunissent tous les quatre ans pour connaître le nom de leur futur président. Mais cette année, Times Square était bien vide, finalement les plus nombreux étaient les médias, j’étais entourée de journalistes ! La raison c’est évidemment l’épidémie de coronavirus, mais aussi car beaucoup ici se doutaient qu’on ne connaîtrait pas le résultat de sitôt. Et ils ont eu raison, il a fallu près de quatre jours pour que le résultat se confirme : Joe Biden sera le 46ème président des États-Unis. J’étais chez moi lorsque CNN l’a annoncé, et je l’ai compris en commençant à attendre des personnes crier de joie dans la rue. J’ai donc couru à Times Square, l’ambiance était surréaliste. À titre de comparaison… j’ai eu l’impression de fêter une victoire de Coupe du Monde de Football. La joie, l’euphorie étaient à tous les coins de rue. Les New Yorkais, qui sont à grande majorité démocrate, chantaient, dansaient, et ça a duré jusque tard le soir. C’était un moment fort à vivre !  


Désormais s’ouvre une bataille juridique, Donald Trump revendiquant toujours la victoire. Également, il ne faut pas oublier les 70 millions d’Américains qui ont voté Donald Trump lors de cette élection. Ce sera l’un des principaux défis du président-élu Joe Biden : rassembler deux Amériques qui ne semblent ne plus se comprendre.


Voter est un acte citoyen, les électeurs se sont-ils déplacés en masse ?  

Le vote anticipé a battu des records ici cette année, pandémie oblige. Dès le premier jour de vote anticipé à New York, je me suis rendue dans plusieurs bureaux de vote pour interroger les New Yorkais. Je me doutais qu’ils allaient être nombreux, mais en arrivant sur place, la foule était impressionnante. La queue s’étendait sur plusieurs rues en plein cœur de Manhattan, mais ça n’a découragé personne. Des manifestants armés de leur pancarte incitaient les passants au vote, d’autres volontaires distribuaient de la nourriture aux électeurs qui patientaient parfois pendant plus de deux heures. Au bout d’une semaine, les files d’attente étaient évidemment moins longues, mais l’engouement toujours bien présent.


Depuis New York, Lydie Harrouche suit les élections américaines pour LN24, la première chaîne d’information en continu en Belgique. (Crédit photo : Lydie Harrouche / LN24).

Vous collaborez avec le média belge LN24. Quel a été le dispositif mis en place pour toute cette semaine dans l’attente des résultats ?  

LN24 avait bien sûr préparé un dispositif important pour couvrir l’élection. Mais avec l’attente du résultat, il a fallu naviguer à vue. Les équipes sont restés sur le qui-vive toute la semaine. La rédaction donc, mais également les invités pour décrypter les résultats qui arrivaient au fur et à mesure.

Pour moi cela s’est traduit par rester accrochée à mon portable, les yeux rivés sur chaque notification qui tombait. Il me fallait ensuite tout synthétiser afin d’expliquer le mieux possible aux téléspectateurs comment évoluait le décompte des voix.  

Pendant trois soirs consécutifs, de nombreux Américains se sont également réunis avec la crainte que tous les votes ne soient pas pris en compte, Donald Trump parlant des bulletins reçus après le 3 novembre comme de « votes illégaux ». Il régnait aux États-Unis un mélange de tension et de peur face à une issue incertaine.  

Quelles émotions ressentez-vous en suivant cette Élection Présidentielle Américaine ? Est-ce une satisfaction personnelle ? 

Une élection présidentielle est toujours un moment fort à vivre en tant que journaliste. D’autant plus cette année où l’Amérique apparaît plus divisée que jamais, la tension est palpable, encore plus dans les États-clés, ceux qui ont fait basculer l’élection.

Après avoir suivi l’élection de Barack Obama, deux fois, puis l’élection, à l’époque impensable, de Donald Trump, c’est évidemment une grande satisfaction personnelle que d’être ici pour couvrir la présidentielle. L’actualité internationale m’a toujours passionnée, et j’ai eu cette semaine la sensation que le monde entier attendait l’issue de ce scrutin. Aller à la rencontre des Américains, avoir l’occasion de faire vivre cet événement en direct, resteront des souvenirs qui marqueront ma carrière, mais aussi ma vie personnelle.  


Les supporters de Joe Biden fêtent la victoire de leur candidat à Times Square (New York). (Crédit vidéo : Lydie Harrouche / LN24).


Un mot sur votre séjour aux États-Unis. Quels lieux que vous avez visités, vous ont le plus marqué ?

Au pays de l’American Dream, c’est une ambiance particulière qui règne ici… L’épidémie de coronavirus est présente dans tous les esprits. New York, la ville qui ne dort jamais, a tourné au ralenti pendant de nombreux mois. Je suis arrivée ici en septembre, et je dois avouer que j’ai été surprise car il n’y a évidemment pas les milliers de touristes habituellement présents, la pauvreté y est beaucoup plus « visible », les restaurateurs, les commerçants que j’ai pu rencontrer m’ont parfois confiée leur détresse face à une situation économique intenable pour eux. Mais la plupart d’entre eux restent très optimistes : optimistes : « New York se relèvera » me disent beaucoup d’entre eux.


La Grosse Pomme reste une carte postale à taille humaine. Depuis que je suis ici, je redécouvre cette ville où j’étais déjà venue trois fois (c’est dire mon amour pour New York !). Avec mon compagnon, nous avons cherché à visiter les lieux habituellement moins prisés des touristes, Roosevelt Island ou le quartier de Red Hook par exemple qui offre une superbe vue sur la Statue de la Liberté. Ce quartier de Brooklyn n’est d’ailleurs pas accessible en métro, il faut marcher ! Vivre ici est l’occasion de (re)découvrir les États-Unis. Washington, Philadelphie, qui étaient des villes que je ne connaissais pas. Nous sommes d’ailleurs en train de préparer le trajet de notre road-trip, sûrement de Nashville, capitale de la country, à la Nouvelle-Orléans, ville mythique du Sud des États-Unis, riche en histoire. Traverser ces deux États mythiques que sont l'Alabama et le Mississipi, découvrir les racines de l'Amérique. Des paysages, mais surtout une ambiance et des rencontres... À la découverte du centre du pays, loin des grandes villes de la côte… l’Amérique qui a voté Trump.

De New York à Philadelphie en passant par le New Jersey, Voyager au Pays de l'American Dream. (Crédits photos : compte Instagram de Madame Lydie Harrouche).


Depuis vos débuts, vous avez successivement évoluer à France 24, LCI, BFM et aujourd'hui, vous êtes à LN24.   

Pour le moment, quels sont vos plus belles rencontres ou vos plus beaux souvenirs liés à votre carrière ?   

Voyager, aller à la rencontre de nouvelles cultures, ce sont deux des nombreuses raisons pour lesquelles j’ai toujours souhaité faire le métier de journaliste.  

Avec une maman russe et un papa algérien (« kabyle » ! me dirait-il s’il me lisait), j’ai toujours ressenti cette ouverture au monde, tout en me sentant profondément Française. Très vite, j’ai voulu découvrir le journalisme à travers le monde.

Mon premier travail fut d’ailleurs au Liban, à Beyrouth. Au sein de la chaîne de télévision Al Jadeed, j’ai travaillé pour une émission politique hebdomadaire, du terrain, aux salles de montage, en passant par le plateau de télévision où les personnages politiques libanais défilaient au rythme de l’actualité et des manifestations des habitants.


Par la suite, j’ai pu travailler avec la chaîne France 24, d’abord comme stagiaire, puis comme pigiste. J’ai là retrouvé ce côté international que je cherchais dans une chaîne retransmise aux quatre coins du monde.

Comme pigiste, j’ai ensuite travaillé avec plusieurs médias comme LCI et BFM en rédaction ou sur le terrain, avant de tenter l’aventure belge à LN24 ! Avec encore une fois un exercice différent : celui de la présentation de JT. Un exercice qui requiert d’être toujours imprégné de l’actualité, aussi bien belge – il m’a fallu « comprendre » la politique en Belgique, ce qui n’a pas été une mince affaire – qu’internationale. C’est une facette très intéressante du journalisme car nous sommes le lien entre la rédaction et les téléspectateurs. C’est à nous de faire comprendre au mieux l’actualité, de manière juste et neutre.

La présidentielle américaine s’est ensuite imposé comme le bon moment pour partir aux États-Unis.  

Lydie Harrouche préparant son JT depuis la salle de rédaction de LN24. (Crédit photo : Lydie Harrouche / LN24).


Enfin, pour conclure l'interview, si vous avez une baguette magiques, quels sont les 3 vœux que vous souhaiteriez exaucés ?  

J’aimerais que l’aventure continue ! Avoir l’occasion de vivre de nouveau des expériences excitantes comme cela a été le cas ces derniers mois. Une actualité aussi riche que passionnante.

Avoir la possibilité de toucher à toutes les casquettes du métier de journalisme comme cela a été le cas jusqu’à présent. Que ce soit en rédaction, sur le terrain, ou en studio, journaliste est un métier multiple qui laisse peu de temps à l’ennui.

Quant au dernier vœu… Peut-être, de manière plus terre à terre, gagner en stabilité. La vie de pigiste impose d’être disponible un maximum, c’est encore plus le cas comme correspondante. En fonction des mois, les revenus sont parfois irréguliers, ce qui n’a pas été évident à gérer les premiers mois. Pigiste est un statut particulier avec des avantages mais aussi beaucoup d’inconvénients qu’il faut connaître… Mais qui ne doivent pas décourager les futurs journalistes pour autant !  


Je vous remercie grandement Madame Lydie Harrouche pour ce bel échange et ces belles confidences.

Je vous souhaite une excellente continuation et que tous vos souhaits se réalisent.


Propos recueillis par M. Bensalah.

Dimanche 8 Novembre 2020.

Follow Us
  • Twitter Basic Black
  • Facebook Basic Black
  • Google+ Basic Black
Recent Posts
bottom of page